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THE ARMED MAN
A Mass for Peace

L'Homme Armé est une chanson française profane antérieure à la Renaissance. C'est une mélodie extrêmement populaire qui a été souvent réutilisée par les compositeurs pour mettre en musique l'ordinaire de la messe. Plus de quarante œuvres de cette époque portent le nom de Missa l'Homme Armé.

Il existe plusieurs théories quant à l'origine et la popularité de cette chanson:

- Certains musicologues ont fait l'hypothèse que l'Homme Armé est l'archange St Michel.

- D'autres pensent qu'il s'agit simplement de l'enseigne d'une taverne de Cambrai, la maison de l'homme armé, qui se trouvait près de l'endroit où habitait Guillaume Dufay (premier compositeur français ayant écrit une messe de l'Homme Armé vers 1461). 

- La chanson pourrait également être un appel à une nouvelle croisade contre les Turcs. On a la preuve que cette chanson avait une importance spéciale pour l'ordre de la Toison d'Or, son apparition coïncidant avec la chute de Byzance devant l'empire ottoman en 1453, événement traumatisant pour l'Europe. Des musiciens tels que Guillaume Dufay ont d'ailleurs composé des Lamentations pour déplorer l’événement. Il est également possible que la chanson soit le produit d'un enchaînement de ces facteurs, si l'on considère le mouvement d'opinion qui balaie l'Europe du nord et du centre en appelant à une riposte armée contre les Ottomans.

- Une théorie récente voit dans la chanson une synthèse du cri de la rue et de l'appel aux armes sonné à la trompette, synthèse qui date visiblement de la fin du XIVe siècle. 

Réutilisé depuis son apparition dans pas moins de 36 messes, c'est en 1999 que Karl Jenkins s'approprie ce thème de l'Homme Armé comme prélude à son oeuvre homonyme. 

Initialement dédiée aux victimes de la guerre du Kosovo, cette messe au titre en oxymore (L'Homme Armé: une Messe pour la Paix) répond à une commande des armureries royales britanniques qui fêtent le millième anniversaire de leur création. Elle se compose de 13 pièces et exprime la montée de la peur, la construction d’un conflit et l’avènement d’espoir pour l’avenir. C’est une ode à la paix qui atteint l’universalité par un choix de textes de diverses époques, de divers pays et de diverses religions : des textes d’origine islamique (l'Adhan, l’appel à la prière), biblique (des psaumes), chrétienne (l’ordinaire de la messe), ainsi que des textes de Rudyard Kipling, d’Alfred Tennyson ou encore d’un survivant d’Hiroshima. L’œuvre défend les valeurs d’humanisme. 

La musique est très efficace en ce sens qu’elle joue sur les émotions, épouse et amplifie le contenu des textes. C’est de la musique d’atmosphère (comme de la musique de film), dynamique, accessible à un large public,  populaire et d’inspiration classique. L’œuvre est une méditation priante chargée d’émotion sur les guerres passées, présentes et futures, pour nous inciter à choisir la paix.

La progression de cette pièce est  en 13 mouvements,  regroupés en 3 parties:

1. La première partie présente les guerres du passé, débutant par la présentation du chant l’Homme Armé, introduit par un ostinato rythmique de 3 tambours napoléonien accompagnant 3 piccolos. 

S'en suit une musique plus contemplative: l’Adhan, appel à la prière du muezzin et le Kyrie qui implore la miséricorde divine. La guerre revient avec des extraits des psaumes 56 et 59, dans un esprit de chant grégorien, virant à la colère, suivit d'un tribal Sanctus qui loue le Seigneur des Armées. Vient ensuite Hymn before Action, 6ème mouvement, chant stimulant, tout en puissance et au caractère épique, qui se termine par "Seigneur, accorde-nous la force de mourir".

2. La deuxième partie dépeint l’horreur destructrice de la guerre moderne avec le 7ème mouvement,  Charge!, culminant sur la traditionnelle minute de silence des commémoration patriotiques avant de se clore sur l'Appel aux morts au bugle solo comme imitation du clairon militaire. S'en suivent deux descriptions sonores de la terreur de la guerre atomique avec les mouvements 8 "Angry Flames" et 9 "Torches" aux textes poignants. 

3. La troisième et dernière partie est une prière à l’aube du XXIe siècle pour un temps de paix. L’Agnus Dei de la messe des défunts et Now the Guns Have Stopped soulignent le vide douloureux que les morts laissent derrière eux. Le Benedictus a une introduction musicale très mélodieuse et émouvante, jouée au violoncelle solo. 

La conclusion Better Is Peace than Always War reprend la mélodie de l’Homme armé, s'enchainant sur un poème-prière de Tennyson: "Ring out the thousand wars of old, Ring in the thousand years of peace". 

Le tout se termine par le vingt et unième chapitre du livre de l'Apocalypse, pour un final hors du temps avec le choeur a cappella qui nous assure qu’un temps viendra où Dieu séchera toutes larmes. 

Écoutez la Messe de l'Homme Armé ici: 

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